Michèle SCHARAPAN joue seulement les œuvres qu’elle aime, dont elle possède la connaissance profonde et l’intime compréhension. Mais dans cette connaissance et dans cette compréhension, elle déploie des trésors d’intelligence et de perspicacité. Les œuvres les plus connues se révèlent grâce à elle dans le mystère le plus secret. Comme si jamais nous ne les avions entendues. Comme si elle la jouait pour elle-même et pour elle seule.
Tel est le miracle de l’intuition musicale quand elle est au service d’une vive sensibilité .
Je crois que ce charme qui rayonne autour de sa personne tient à une coïncidence parfaite entre la pureté technique et les qualités du cœur.
Michèle Scharapan est toute modestie, discrétion et pudeur.
Certes, la pression de chaque doigt sur chaque touche est minutieusement évaluée et pesée. Mais cette minutie elle-mêmùe ne serait rien sans « l’esprit de finesse », sans la sincérité absolue et sans le plaisir inégalable que la pianiste prend elle-même à faire revivre les grandes œuvres du passé. La sonorité, sous les doigts de Michèle, est un message qui vient de l’âme directement.
On pourrait peut-être paraphraser pour elle un mot célèbre entre tous : la sonorité est chose mentale, cosa mentale.
VLADIMIR JANKELEVITCH
Philosophe, musicologue – Novembre 1982